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07 août 2008

La bérézina diplomatique de Sarkozy, par Pierre Haski (rue89)

(De Pékin) Ainsi donc, la raison d’Etat l’a emporté. Nicolas Sarkozy ne rencontrera pas le dalaï lama, afin de sauver les relations franco-chinoises des "conséquences graves" qui leur étaient promises en cas de rencontre, même informelle, entre le président français et le leader tibétain. C’est le plus grave échec de la diplomatie de Sarkozy depuis son élection, qu’il ne doit qu’à sa propre maladresse.

Depuis le début de cette affaire, Nicolas Sarkozy a multiplié les incohérences et les gestes contradictoires, créant lui-même le piège qui finit de se refermer sur lui. Il est le seul chef d’Etat ou de gouvernement à avoir mis des conditions à sa venue à Pékin pour la cérémonie d’ouverture des JO vendredi: Angela Merkel n’y sera pas, sans avoir expliqué pourquoi, et George Bush a finalement décidé d’y aller, sans état d’âme, se payant le luxe de recevoir des dissidents chinois chez lui sans faire trop de vagues. Sarkozy, lui, a d’abord lié sa venue à d’hypthétiques "progrès" dans le dialogue entre Pékin et les Tibétains, avant de mettre en parallèle sa rencontre avec le dalaï lama en août.

Cette valse hésitation a eu le don d’agacer au plus haut point les dirigeants chinois, déjà remontés contre la France après le passage de la flamme olympique à Paris en avril. Les choses s’étaient calmées après l’envoi de trois émissaires, pas moins, à Pékin, pour mieux repartir avec l’annonce simultanée de la visite à Pékin, et de la rencontre avec le dalaï lama.

Il y a alors eu une joute verbale entre le chef de l’Etat et l’ambassadeur chinois à Paris, Kong Quan. Ce dernier a convoqué des journalistes pour déclarer solellement qu’une telle rencontre Sarkozy-dalaï lama

«serait contraire au principe de non-ingérence des États dans leurs affaires intérieures».

Et le tout nouvel ambassadeur -un diplomé de l’ENA française- de brandir la menace de «conséquences graves» sur les relations bilatérales.

Nicolas Sarkozy avait aussitôt répliqué sèchement que ce n’était pas à l’ambassadeur de Chine de lui dicter son agenda. Eh bien si! (même si c’est déguisé sous la forme d’un renoncement de la partie tibétaine elle-même à demander une telle rencontre).

Le paradoxe de cette situation est que la sortie de Kong Quan avait été critiquée dans certains secteurs de l’establishment chinois, qui estimaient qu’elle ne laissait pas d’autre choix au président français que de rencontrer le dalaï lama, sous peine d’avoir l’air de céder aux injonctions de l’ambassadeur. Kong Quan et l’aîle dure de la diplomatie chinoise ont montré que la fermeté paye, avec Nicolas Sarkozy en tous cas.

Le pire, c’est que le mal est fait et l’annulation de la rencontre n’est qu’une manière de limiter la casse. La gestion désastreuse de toute cette "séquence chinoise", des émeutes de Lhassa le 14 mars, à l’ouverture des JO le 8 août, aura montré un amateurisme incroyable et une méconnaissance du contexte et de la psychologie du pouvoir chinois à ce moment particulier. Le triangle Sarkozy-Kouchner-Yade a dysfonctionné de manière spectaculaire, et le seul vrai connaisseur de la Chine à l’Elysée, le conseiller diplomatique Jean-David Levitte, n’aura pas pu empêcher le désastre.

Nicolas Sarkozy arrive vendredi à Pékin pour quelques heures à peine -vingt heures de vol aller-retour pour dix heures sur place, sans même y passer la nuit…- en position de faiblesse. Le président français s’est éliminé du jeu diplomatique entre la Chine et le reste du monde: il devra subir le rapport de force ainsi instauré pour le reste de son mandat: les Chinois ont compris que pour quelques contrats dont l’économie française a un besoin vital, ils le tiennent.

Que la France entretienne de bonne relations avec la Chine n’a rien que de plus normal. Nicolas Sarkozy avait eu une très belle sortie au parlement européen, en lançant à Daniel Cohn-Bendit: "on n’humilie pas un quart de l’humanité". Mais une phrase brillante et une belle intuition ne font pas une politique étrangère, pas plus que l’envoi de sa femme à une cérémonie religieuse, puisque c’est le lot de consolation auquel auront droit les Tibétains.

La France sort affaiblie et déconsidérée de cet épisode. Elle s’est tirée une balle dans le pied dans l’un des lieux du monde où s’écrit le XXI° siècle. Et surtout, elle aura donné au clan des durs de la diplomatie chinoise une médaille d’or avant même l’ouverture des Jeux.

Sources: ici et là.

26 novembre 2007

Sarkozy en visite en Chine: culture et contrats


"Les médias chinois ont pour l'instant peu couvert la visite du président français. Pas un mot par exemple hier dans le journal de 19 heures de la CCTV1...Il a fallu attendre que Nicolas sarkozy rencontre Hu Jintao pour que la presse chinoise commence à en parler.

CCTV 4
Sur la chaîne officielle CCTV 4 dimanche 25 novembre à 22 heures, les journalistes ont souligné que Nicolas Sarkozy était le premier chef d'Etat français à visiter la Chine après seulement six mois passés au pouvoir. La chaîne a également rappelé que la Chine était aussi le premier pays d'Asie visité par le Président. Elle a enfin salué son initiative d'avoir mis en place une version chinoise de son site internet.

Wenhui (quotidien national)
« C'est la 4ème fois que Nicolas Sarkozy vient en Chine, après 1991, 1994 et 2004. Il visite la Chine après les Etats-Unis et la Russie. C'est une étape très importante dans sa stratégie diplomatique.
Ses six mois de gouvernance ont été très chargés, non seulement sur le plan du travail mais aussi avec son divorce. Au cours de ces six mois,la popularité du président a décru en France. 62% des Français pensent que la France se meurt. Pourtant en six mois, Nicolas Sarkozy a fait beaucoup plus que Chirac ou Mitterrand. Mais il y a des ratés, à commencer par cette nouvelle loi sur les tests ADN annoncée en juillet, écornant son image auprès des Africains et des Asiatiques.
Deuxième gros raté : l'augmentation du salaire du Président de 160%, une initiative prise en 10 minutes qui a choqué les familles pauvres en France, alors que le pouvoir d'achat est en train de décroître. Ce geste est donc très dommageable.
Troisième raté, la surexposition de Nicolas Sarkozy dans les médias et la presse. Entre mai et août, il est apparu 224 fois à la TV, alors que sur la même période, Chirac était apparu moins de 100 fois.
Mais en fait le vrai problème, c'est d'avoir promis de convertir tous ses propos en actes, ce qui en fait n'est pas le cas. Car tous ses actes n'ont pas eu le résultat escompté. Au contraire, certains n'ont fait qu'empirer la situation. "

Beijing News Daily
Le quotidien pékinois souligne l'initiative du Président français d'être venu avec 48 entrepreneurs : « Aller plus en avant dans les coopérations économiques constitue un des buts premiers de cette visite. »

Chine Nouvelle
Sur le site Internet de l'agence de presse officielle chinoise, un journaliste note le goût du Président pour la nourriture chinoise et son humilité. Zhao Jinjun, ambassadeur de Chine en France, interrogé le 23 novembre par Chine Nouvelle : « Cette visite a un sens très important car il est le premier chef d'Etat occidental à visiter la Chine après le 17ème Congrès. »

Pionnier International (bi-hedomadaire) :
« Au début les Chinois ont douté de Nicolas Sarkozy au regard de l'amitié de Jacques Chirac envers la Chine. Les Chinois ont donc eu peur d'un refroidissement.
Peut-être que Sarkozy ne dispose pas d'autant de connaissance de l'Asie que Chirac mais en se rendant à Xian, il s'inscrit dans la tradition des précédents Présidents français et témoigne de son intérêt pour la culture chinoise. »

Sina :
Cheng Xiaohe, spécialiste de l'Europe à l'Université du Peuple : « La stratégie de Sarkozy est probablement de gagner l'amitié de Pékin en répétant le chemin de Chirac juste au moment où les relations entre la Chine et l'Allemagne souffrent d'un refroidissement. »

Source: Aujourd'hui la Chine