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19 avril 2008

"Les médias vous manipulent!"



Ils étaient venus de Rennes, Marseille, Lyon, de tout Paris, ce 19 avril, pour manifester de la place de la République à la Bastille, contre le traitement unilatéral de la crise au Tibet par les médias occidentaux et contre la manipulation orchestrée par RSF au sujet de la flamme olympique et du Tibet. Sans aucun doute cet évènement fut aussi le plus grand rassemblement de Chinois en France. Quasiment tous habillés d'un tee-shirt proclamant "les JO sont un pont, n'en faites pas un mur", agitant avec ardeur des drapeaux chinois, français, ou des JO, arborant des pancartes où était écrit "J'aime la Chine, donc j'aime le Tibet", "les JO en paix", "les médias vous manipulent" (sic), ils ont donné une belle leçon de patriotisme.
Au centre de la place de la République, une grande estrade était dressée où se succédaient les petits discours et les chansons pour dynamiser la foule des Chinois. Li Huan, 26 ans, étudiant à Lille et se présentant comme responsable des relations presse, répond à quelques questions
: "Les Chinois se sont sentis vraiment blessés, outragés par toutes ces manifestations autour de la flamme olympique et cette campagne anti-chinoise. Nous savons bien que tout cela est orchestré par les néoconservateurs américains, et que Robert Ménard est financé en partie par les Etats-Unis; il l'a lui-même reconnu". A l'évocation des appels au boycottage des marques françaises qui ont lieu en ce moment en Chine, il répond:"Tous les boycottages sont irrationnels, nous devons nous comporter comme des adultes". Qui a organisé cette manifestation? Li Huan révèle que la demande a été déposée une semaine auparavant par un certain Wu Rui, étudiant chinois; 6000 tee-shirts ont été imprimés, et 5000 personnes se sont inscrites via des sites internet.
En tout cas, de ce que l'on a pu constater, c'est une organisation bien huilée: des personnes s'occupent de distribuer les tee-shirts à message, tout le monde est venu avec son drapeau (Où en ont-ils trouvé autant et si vite? Car chaque étudiant chinois en France ne vient pas avec un immense drapeau dans la valise non?), d'autres, armés de mégaphone, patrouillent parmi la foule et les incitent à chanter et crier des slogans, les banderoles sont innombrables, un service d'ordre a été mis en place, et sur scène les invités se succèdent...
Justement, Pierre Picard est l'un d'eux. Spécialiste reconnu de la Chine, il a été contacté par des étudiants pour lui aussi faire un petit speech. En descendant de la scène, il nous répond: " Les Jeux Olympiques n'appartiennent pas seulement à une entité, à un petit groupe de pays. Non, ils appartiennent au monde entier. La Chine n'est certes pas un pays parfait, mais il y a beaucoup plus de libertés qu'on ne le dit. Il y a eu des avancées. Les Chinois ne peuvent accepter que le Tibet retourne au servage. Les progrès ont été considérables en 20 ans". Pour lui, et pour les organisateurs de la manifestation, qui semblaient vouloir faire passer ce message, il faut aller en Chine voir la réalité plutôt que de la critiquer. Les médias ont montré une image diforme de la Chine: par exemple ils n'ont presque pas montré les Chinois agressés par les Tibétains au début de la crise, ni les magasins saccagés". Et les manifestations anti-françaises ? "Le peuple chinois veut montrer sa colère" affirme-t'il, "il se sent trahi par un bon ami, la France".


"Bienvenue en Chine, Bienvenue à Pékin"
En tout cas, pas de sentiment anti-français hier: tout le monde était souriant et poli afin de montrer une bonne image de la Chine. Sur un côté, des banderoles "explicatives" étaient déployées: un manifeste pour le courage de Jin Jing (l'handicapée qui a portée la flamme pendant le relais à Paris et qui s'est fait attaquer) et des photos sur le Tibet. Un côté "avant", avec esclaves et mendiants, et "après" (la "libération" chinoise): des moines souriants, des routes, un homme à moto... Et cette pancarte: "Savez-vous où est le Tibet? Le Tibet était, est et sera toujours en Chine!".


Autres ressources:
- un compte rendu de la manifestation par Rue89;
- un très bon article du New York Times sur le patriotisme des Chinois;
- le coup de gueule de Jean Luc Mélenchon;
- et l'excellent blog de Cai Chongguo, qui résume tout en une phrase: "Comprendre le sentiment nationaliste chinois est l'un des points clés pour comprendre l’histoire de la Chine moderne".


17 avril 2008

Dialogue de sourd

http://bbs.revefrance.com/thread-454585-1-1.html


"Je crois que tout cela est la faute du dalai lama, je le déteste de tout mon coeur". Ma colocataire chinoise

14 mars 2008

Incidents au Tibet: photos et vidéo prises sur le vif


Voici le lien vers un article d'un blogger hollandais qui était à Lhassa ce lundi 10 mars, le jour où les policiers chinois ont réprimé des manifestations pacifiques des Tibétains.

Autres infos ici ici et ici.

09 janvier 2008

Rendez-moi mon Hukou

Des conflits sociaux apparaissent tous les jours en Chine. A Shanghai, des manifestants tentent de récupérer leur Hukou -livret d’enregistrement de résidence, après avoir travaillé loin de chez eux pendant plus de trente ans. Reportage.

Il y a foule ce mercredi matin dans la rue. A première vue tout est normal, les rues chinoises sont toujours pleines de passants, vendeurs de snacks ou balayeurs. Nous sommes à Shanghai, à deux pas du Bund, quartier dont l’architecture porte l’héritage de la présence étrangère. Pourtant, au coin de la rue Jiangxi et Guangdong, devant le Bureau du travail de la municipalité, les personnes présentes ne sont pas là pour se promener : aussi surprenant que cela puisse paraître dans la plus grande dictature au monde, environ 200 personnes manifestent ici tous les mercredis matins depuis cinq ans.
Dans les années cinquante le gouvernement de Pékin a mis en place le « Bingtuan », politique de développement de la région autonome du Xinjiang, à l’extrême ouest de la Chine. En envoyant des travailleurs de tout le pays construire des villes, fermes, et usines, le but était d’amener développement économique et stabilité sociale dans cette lointaine région à majorité musulmane. En tout l’on compta 360 000 « volontaires », rien qu’à Shanghai. La grande majorité, partie avant la révolution culturelle n’a pu revenir qu’à partir du milieu des années quatre-vingts. Mais quand ils furent enfin autorisés à rentrer, les autorités du Xinjiang refusèrent de transférer leur « Hukou » - livret d’enregistrement de résidence, sésame sans lequel on ne peut travailler légalement, changer de résidence ou scolariser ses enfants. Ce mercredi, les personnes présentes réclamaient donc au Bureau du travail, à grand renfort de slogans, le transfert de leur Hukou. Sans lui pas de vie possible dans des conditions décentes.
Alors que les policiers surveillent la présence d’éventuels étrangers ou photographes, l’attroupement se fait plus compact: chacun tient une canette et un bâton pour faire du bruit et brandit un panneau rouge sang sur lequel leur revendication est peinte en larges caractères noirs, et ils n’hésitent pas à montrer des lettres rédigées par leur soin ou extraits de textes juridiques prouvant qu’ils sont dans leur bon droit. Les passants s’arrêtent, regardent un instant et repartent, indifférents.
Guo Qinghua (pseudonyme) est l’un des plus bavards. Dans l’attroupement qui se forme, il se distingue car il n’a pas peur de parler : en 1963 il se porte volontaire pour le Xinjiang, faute de trouver un emploi à Shanghai. En lieu et place de salaire, on lui donne une solde : 3 rmb par mois (30 centimes d’euro) la première année, 8 rmb les années suivantes. Tout de suite il comprend que la réalité sera différente de ce qu’on lui a promis : entre dix et douze heures de travail, avec pour seul repas un maïs cuit à la vapeur. Le soir, il dort dans un trou creusé dans l’herbe. « J’avais dix-sept ans à l’époque, j’ai sacrifié ma sueur, mon sang, ma jeunesse », déclare t’il. « Au début des années quatre-vingts, quand notre travail fut quasiment fini, beaucoup ont demandé à rentrer chez eux. Le gouvernement n’a pas voulu transférer nos Hukous du Xinjiang à Shanghai. Il y a eu des manifestations. Vers 1982, certains par désespoir se sont suicidés grâce à une ceinture d’explosif autour de la taille. Les dirigeants ont dû paniquer, car ils décidèrent de laisser partir les couples dont les deux conjoints sont originaires de Shanghai. Nous avions passé vingt ans au Xinjiang, la vie était trop dure, nous voulions rentrer. Mais ma femme n’est pas de Shanghai, donc nous ne pouvions pas partir. Ce n’était pas juste ».
En 1992 le gouvernement décide d’autoriser un enfant de chaque couple à rentrer. Guo Qinghua choisit alors sa fille aînée, qui ne s’était jamais vraiment habituée au climat local. Une fois rentrée à Shanghai, on lui diagnostique une leucémie, elle meurt peu de temps après. Il décide à son tour de rentrer, sans Hukou bien sûr, ni logement. Il habite chez un ami qui lui prête des vêtements. Chaque mois il touche une petite retraite de 830 rmb (83 euros) censée faire vivre sa famille. Il ne cesse de poser cette question, comme à soi-même : « Pourquoi, après avoir sacrifié tant d’années au Xinjiang, on nous empêche de revenir ? » Solennel, il continue : « J’ai rencontré tellement de choses injustes dans ma vie. Je voudrais représenter les millions de personnes envoyées là-bas. Je n’ai pas peur d’aller en prison. »
Il est bientôt treize heures, la foule commence à se disperser. On se donne rendez-vous pour le mercredi suivant, d’un air un peu désabusé. Comme si chacun se demandait si un jour il va récupérer son Hukou.

Aussi: "100,000 Shanghai youths sent to Xinjiang", on Shanghaiist.

09 novembre 2007

Grèves: et c'est reparti pour un tour


"Attachez vos ceintures". C'est ce qu'a déclaré François Fillon a propos du climat social du mois de Novembre: le gouvernement ayant estimé avoir fait les dernières propositions possibles dans l'avancée de la réforme des régimes spéciaux des retraites, les syndicats ont commencé à se mettre en ordre de marche et ont appelé à la grève, mercredi prochain, le 14 Novembre. Petit tour d'horizon des réjouissances à venir:

- la RATP: noyau dur du mouvement (avec la SNCF) les 7 syndicats ont appelé à la grève sur le réseau Métro, Bus et RER.. La CFDT et la CFTC ont appelé à une grève de 24 heures, tandis que les autres syndicats (CGT, Sud, Unsa, indépendants, FO) ont appelé à un mouvement reconductible. Seuls la CFE-CGC n'appellera pas à la grève.

- la SNCF: les 7 syndicats de cheminots (sur 8) appellent à une grève reconductible, malgré l'appel lancé par la Présidente de la SNCF, Anne-Marie Idrac aux 160 000 cheminots. Seul la FGAAC (syndicats des conducteurs autonomes) n'appelle pas à se joindre au mouvement.

- EDF/ GDF: La CFE-CGC et la CFDT Energie se sont prononcées pour la grève après avoir rencontré les directions. La CGT et FO avaient quant à eux déjà appelé à une grève reconductible, et Frédéric Imbrecht, du syndicat CGT Mines Energie, a cru bon de surenchérir en invitant les agents à "un très grand 14 novembre de lutte", comme s'il s'agissait du fameux "grand soir"...

A l'Opéra de Paris, ce sont les syndicats CGT, Sud, FO et FSU qui ont appelé à la grève mercredi.

Mais ce n'est pas tout: la fonction publique prévoit aussi un mouvement de protestation contre la réforme des régimes spéciaux des retraites le 20 Novembre à l'appel des 8 syndicats. La Poste et France Télécom, jamais en reste, se mobiliseront pour la défense de l'emploi, le pouvoir d'achat et les conditions de travail.

Enfin, le syndicat de la magistrature appelle à la grève le 29 Novembre contre la réforme de la carte judiciaire.

Bref, face à ce mois de Novembre plus que mouvementé, comment se prémunir contre, notamment, les perturbations dans les transports en communs? Attacher un cadenas à un Vélib', comme certains l'ont fait lors de la journée de grève du 18 Octobre? Organiser un véhicule pour plusieurs collègues? Mettre ses chaussures de marche et parcourir quelques kilomètres? Prendre ses RTT?

Et si tout simplement on appelait à une grève de la gratuité? Une grève qui permet aux cheminots et autres mécontents de manifester, tout en ne pénalisant pas les usagers?

Et si tout simplement on faisait la grève contre la grève, pour montrer son ras-le-bol contre le fait que ce soit toujours les mêmes qui ne sont pas satisfaits, alors qu'ils sont loins d'être les plus mal lotis?

Egalement publié sur: come4news.com