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09 décembre 2007

La malheureuse histoire de la femme qui est morte car son mari refuse de signer une décharge pour une césarienne

Voici une histoire qui est racontée sur le site de Bruno Birolli, envoyé spécial permanent du Nouvel Observateur à Pékin:
"Le 21 novembre, une femme enceinte de dix mois décédait dans un hôpital de Pékin.
Transportée aux urgences, les médecins considérent son état critique et jugent que sa seule chance de survivre est une césarienne. Cependant, son mari, Xiao Zhijun, refuse de signer la décharge indispensable en Chine avant une intervention chirurgicale. Dans ce document la famille renonce à toutes poursuites judiciaires au cas où l’opération échouerait et s'engage à payer l’hospitalisation. La raison avancée par cet homme est contradictoire : l’enfant est un garçon et il refuse de mettre son fils en danger.
Sa femme qui a gardé sa conscience propose de lui donner 1 000 euros qu’elle avait épargnés à son insu. Pour infléchir l’entêté, l’hôpital se déclare prêt à opérer gratuitement la malade. Rien ne fait démordre Xiao Zhijun. Les supplications, les promesses sont impuissantes à le faire fléchir. Il refuse de signer ce formulaire. Le chirurgien ne peut intervenir. Et la femme décède au bout de plusieurs heures de face-à-face entre elle, sa famille et le personnel de l’hôpital d’un côté et de l’autre cet homme muré dans une obstination incompréhensible.
L’histoire est répercutée dans toute la Chine par les télés qui interviewent le veuf. Xiao Zhijun répond évasivement devant la caméra. Il paraît particulièrement méfiant, dissimulateur et surtout buté. Cet homme frustre qui s’accroche à une seule idée et qui est de ceux dont on peut taper dessus avec un bâton jusqu’à le briser sans parvenir à le faire avancer d’un pas. Les pleurs qu’il répand sur le cadavre de sa femme et les accusations qu’il porte contre l’hôpital semblent surjoués et manquer de sincérité. Car une question reste sans réponse : pourquoi a-t-il refuser de signer l’autorisation d’opérer cette femme dont la perte le fait se torde de douleur ?
Interrogés, des voisins estiment que ce couple semblait uni et que l’homme s’occupait bien de son épouse. Cependant son père fait un portrait différent. Il accuse son fils d’être paresseux et menteur, et dit qu’il avait conseillé à la belle-famille de ne pas donner d’argent à leur gendre si celui-ci le leur demandait.
Xiao Zhijun donne aux journalistes plusieurs explications pour justifier son geste. Toutes sont tirées par les cheveux et pourtant pas si improbables que cela. Par exemple, il prétend qu’un herboriste consulté lorsque sa femme est tombée malade lui a assuré que l’enfant serait un garçon. Or, ces mots abondaient dans le sens d’une prédiction d’un moine remontant à des années en arrière, alors qu’il était âgé de huit ans. Selon ce devin, son premier enfant serait un fils, mais sa femme mourra de mort violente et son fils ne lui survivra pas. En conséquence, il avait refusé de signer la décharge, car il y a vu une ruse des toubibs pour lui voler son argent après avoir assassiné sa femme.
Pressé par un journaliste, l’homme avoue qu’il n‘était pas marié légalement et qu’il savait qu’en apposant son nom en bas de la décharge, il acceptait de prendre une responsabilité financière à laquelle il n’était pas tenu. Or, étant un paysan il n’a pas de assurance maladie. Restant entièrement à ses frais, l’opération l’aurait ruiné. Dans cette logique où le sordide se nourrit de la misère, il était donc préférable que la femme meure.
Ce fait-divers, dramatique et mystérieux, ne pouvait qu’interpeller les Internautes. Pour les uns, Xiao Zhijun est un salaud qui a délibérément laissé mourir sa femme pour garder les quelques billets de banques qu’il cache sous son matelas. Pour d’autres, il est la victime de l’arriération des campagnes chinoises écrasées par des millénaires d’oppression et d’exploitation épouvantables."

Pour moi, le type est certes pauvre et pas très malin, mais il est autant responsable que le personnel de l'hôpital: ils auraient dû opérer la femme sans hésitation, au lieu de négocier des heures sur les papiers et l'argent, car leur devoir est avant tout de sauver des vies. Mais bon, entre le mari qui ne veut pas payer car de toute façon les devins lui ont dit que son fils allait mourir (la femme on s'en fout!), et l'hôpital qui n'opère pas car la décharge n'est pas signée, et qu'il faut l'argent d'abord, voici la réalité chinoise, loin des strass de Pékin et Shanghai...

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