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29 août 2008

Zola, le "blogueur-citoyen" tranquille

Inquiété par la police et empêché d'aller à Pékin pendant les Jeux Olympiques, site internet fréquemment bloqué, le blogueur Zola semble faire trembler les autorités. Voici mon interview de ce jeune Chinois de 27 ans, qui refuse le label « premier journaliste-citoyen de Chine » que lui donnent les médias.


Rien de prédestinait Zola (de son vrai nom Zhou Shuguang 周曙光) à aller enquêter sur les sujets sensibles que le gouvernement aimerait bien oublier. Né dans un petit village de la province du Hunan, Zola choisit à 15 ans ce pseudo en référence au footballeur italien. Il part travailler à Shenzhen dans les télécommunications après un an à l’université. Cinq ans plus tard, il quitte tout et voyage dans toute la Chine pendant un an. Revenu aujourd’hui dans son pays natal, il tient un petit magasin de boissons où se croise la jeunesse locale autour d’un billard et d’une partie de ping pong.


« J’ai commencé à être vraiment connu en mars 2007 grâce à l’histoire de la maison-clou de Chongqing. ». A l’époque, l’affaire avait fait grand bruit : une petite maison en brique résistait à l’assaut des pelleteuses qui voulaient transformer la zone en résidences de luxe. Zola avait réussi à rencontrer la charismatique propriétaire, Mme Wu, qui avait répondu à ses questions. Puis il a enchaîné avec le projet Xiamen PX en Juin 2007, où les habitants de la ville côtière s’étaient opposés à un projet industriel et chimique. Quand les habitants de Wengan dans la province reculée du Guizhou, ont brûlé en juin dernier des bâtiments administratifs pour protester contre la mort suspecte d’une jeune fille, il était là aussi. Du coup, quand il a voulu se rendre à Pékin pour les Jeux Olympiques, il est arrivé ce qui arrive en Chine quand on est trop curieux.


« Depuis deux semaines je suis surveillé par des gens du gouvernement, ils m’interdisent de quitter mon village. Ils ne veulent pas que j’aille à Pékin. A mon avis, le gouvernement ne veut pas que j’aille fourrer mon nez ailleurs, comme je l’ai fait à Wengan. » Zola ne pourra aller à Pékin qu’à partir de fin Septembre. « Je voulais aller voir les Jeux, et aussi je devais rencontrer quelques journalistes ». Zola nous assure que c’est en fait assez facile d’échapper à la vigilance des autorités. « Je ne le fais seulement quand j’en ai besoin, par exemple quand je suis allé enquêter à Wengan. A Pékin de toute façon le prix des hôtels étaient trop chers pendant la période des Jeux ».


D’ailleurs, comment « le 1er blogueur-citoyen » de Chine finance t’il ses voyages ? « J’utilise pour la plupart mon propre argent, mais il y a aussi des personnes qui font des dons via mon blog. ». Concernant les Jeux, il se fait plus bavard : « les Jeux ont eu un impact sur la transparence des médias en Chine, surtout en 2007 et 2008. Par exemple, les médias étrangers ont pu enquêter sur plus de choses, et les médias chinois ont dû suivre le mouvement. Avant cela, les médias chinois n’osaient pas aller enquêter sur des sujets trop sensibles. Mais il reste encore beaucoup à défricher. »


Pour Zola, le gouvernement n’a pas tenu les promesses faites en 2001 concernant la liberté des journalistes. « Ce sont tous des menteurs. Regardez par exemple ce qui est arrivé aux deux journalistes de Hong Kong quand ils ont voulu filmer la vente des billets : ils se sont fait taper par la police ».


C’est l’heure d’aller déjeuner pour Zola. Son prochain voyage ? « Je ne sais pas encore. J’essaie d’aller au delà de ce que les médias officiels nous donnent. Je ne veux pas répéter leur contenu, ce serait une perte de temps et d’argent. Avant tout je veux continuer à écrire mon blog et à m’amuser. » En tout cas, il est nominé pour le Best of Blogs 2008, cérémonie organisée par la Deutsche Welle, récompensant les meilleurs blogs du monde entier.



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