On m'a récemment écrit que je suis (trop?) gentille; c'est vrai, généralement j'essaie de ne pas critiquer à tort et à travers, et d'avoir toujours une bonne raison pour le faire. Mais quand je m'y mets, je n'épargne personne, et ça devient beaucoup plus intéressant.
Hier soir j'ai eu l'occasion d'assister à ma première séance de "brainstorming": la mère d'un ami (nous l'appelerons "S"), américaine, vient de monter sa boîte à Paris, où elle a emmenagé il y a environ deux mois. Elle projette de commercialiser dans le monde entier un condiment, qu'aux Etats Unis on nomme "Chow Chow".
Qu'est ce que le Chow Chow ma bonne dame? Selon Cracker Barrel, "it’s a sweet, pickled relish traditionally made in the south that utilizes vegetables left over at the end of the summer's harvest. And many folks remember that no dinner at Grandma’s was complete without a bowl of homemade Chow-Chow on the table" (autres références ici et ici).
Bref, pourquoi pas? Le produit sera repensé et l'emballage totalement refait, avant d'être mis en vente.
Et c'est là que nous intervenons.
Hier soir donc, 12 convives et moi-même étions invités à une séance de "brainstorming", afin de trouver un nom à ce merveilleux chutney.
19h tapantes, dans l'appartement de 2 des convives (frères et soeurs, appartement derrière les Champs Elysées, des tableaux et vieilleries partout, tu n'oses pas poser ton manteau tellement le canapé doit coûter cher), je rencontre donc:
- un indien poète et aventurier, la mèche au vent à la BHL, qui tous les deux mots parle de son expérience en moto au Népal;
- deux chinoises étudiantes à Sciences Po qui parlaient anglais comme toutes les chinoises élevées aux films US, qui savent qu'elles savent parler anglais- vous suivez??- i.e. avec un fort accent américain qui les ferait passer pour des pétasses de Californie;
- un français chercheur au CNRS marrant -oui ça existe!;
- ma soeur, mon alliée de la soirée;
- 2 designers (gays forcément) pros du packaging et qui travaillent pour des marques de luxe;
- une franco-libanaise niaise comme tout et étudiante à l'ENA (comme quoi ils ne prennent pas que des Charles Henri);
- S;
- une Grecque d'environ 50 ans, le sourire vissé aux lèvres, qui répond tellement à côté de la plaque qu'à un moment tu pries le ciel pour qu'elle ne t'adresse plus la parole;
- les 2 hôtes, le frère et la soeur donc (lui: pseudo journaliste/glandeur mais sur plein de projets en même temps, elle petit serre-tête et queue de cheval, créatrice de sacs en cuir invisibles, et qui s'écoute surtout parler);
Et moi.
Après divers essayages, testages et goûtages du produit sous toutes les façons possibles; il était temps de prendre chacun sa petite feuille et de noter les mots, sensations, couleurs, musiques, textures, sons, etc etc, que nous rappelait le Chow Chow.
Et là j'ai vraiment compris que la filière business, ce n'était vraiment pas pour moi: franchement quel est l'intérêt de se triturer les méninges et de sortir, avec tout le sérieux du monde, que le croquant du Chow Chow me rappelait la couleur orange, ou bien la bossa nova? Les collants lycra de Madonna dans le clip "Hung Up" pendant qu'on y est?
Zen, j'ai essayé de prendre ça avec du recul, et essayé de comprendre la logique de travail de toutes ces agences de comm', de pubs ou je ne sais quoi, qui emploient des Beigbeder en puissance, dont le boulot est de trouver des noms pour des yaourts...
Souvent au cours de la soirée (comme je n'avais aucune idée de nom pour ce cher condiment) je regardais tout le monde, s'interpeller, rire, débattre, se disputer, parce que non le produit a plus une consonnance en "i" qu'en "o", et que petit inconscient, il ne faut pas oublier que le Chow Chow est un produit qui est à la fois inscrit dans le passé, mais aussi dans le futur... Bref que de questions existencielles qui méritent débat !! Au moins aussi importantes que de savoir qui va gagner les prochaines présidentielles aux Etats Unis, comment régler pour de bon la question palestinienne, ou encore comment perdre les fameux 3 kilos que l'on prend après les fêtes, mmh?
La cinglée de l'ENA a réussi à me fâcher définitivement avec l'institution: décidément ils ne prennent que des c... qui s'écoutent parler: ainsi elle a réussi à sortir, en plein brainstorming, discussion je rappelle d'où doit ressortir des décisions pratiques sur un produit à commercialiser, que le goût du Chow Chow lui rappellait la couleur vert-bronze, telle que Prosper Mérimée le décrivait dans la Vénus d'Ille. Silence gêné des convives, et regards interrogateurs: mais pourquoi sort-elle son vernis culturel? Et de toute façon, elle a avoué que jusqu'à recemment, elle n'avait jamais entendu parler de la tecktonik... Et ça se destine à gouverner la France ça?
- les 2 chinoises, étudiantes à Sciences Po, ravies de se trouver dans un appartement de la bonne bourgeoisie parisienne, et aussi ravies de sortir leur anglais prémaché, insistaient qu'il fallait un nom à consonnance hollandaise pour le produit: genre "Van Der". Je précise qu'une est dans le secteur de la DRH, l'autre contrôleuse de gestion...
- les 2 designers, à leur messes-basses et leur sourires entendus, devaient sûrement se demander au début ce qu'ils faisaient là au milieu de tous ces novices, mais ont fini par ce prendre au jeu et à trouver drôles toutes les conneries que l'on débitait avec le plus grand sérieux du monde, tout investis que nous étions de notre mission sacrée: donner un nom au Chow Chow...
Bref une soirée horrible: chacun y allait de son petit nom, S ne parlant pas français, comprenait plus rien à rien: à minuit nous y étions encore, on avait mangé tout le Chow Chow, mais aucune idée valable n'en était sortie...
Hier soir j'ai eu l'occasion d'assister à ma première séance de "brainstorming": la mère d'un ami (nous l'appelerons "S"), américaine, vient de monter sa boîte à Paris, où elle a emmenagé il y a environ deux mois. Elle projette de commercialiser dans le monde entier un condiment, qu'aux Etats Unis on nomme "Chow Chow".
Qu'est ce que le Chow Chow ma bonne dame? Selon Cracker Barrel, "it’s a sweet, pickled relish traditionally made in the south that utilizes vegetables left over at the end of the summer's harvest. And many folks remember that no dinner at Grandma’s was complete without a bowl of homemade Chow-Chow on the table" (autres références ici et ici).
Bref, pourquoi pas? Le produit sera repensé et l'emballage totalement refait, avant d'être mis en vente.
Et c'est là que nous intervenons.
Hier soir donc, 12 convives et moi-même étions invités à une séance de "brainstorming", afin de trouver un nom à ce merveilleux chutney.
19h tapantes, dans l'appartement de 2 des convives (frères et soeurs, appartement derrière les Champs Elysées, des tableaux et vieilleries partout, tu n'oses pas poser ton manteau tellement le canapé doit coûter cher), je rencontre donc:
- un indien poète et aventurier, la mèche au vent à la BHL, qui tous les deux mots parle de son expérience en moto au Népal;
- deux chinoises étudiantes à Sciences Po qui parlaient anglais comme toutes les chinoises élevées aux films US, qui savent qu'elles savent parler anglais- vous suivez??- i.e. avec un fort accent américain qui les ferait passer pour des pétasses de Californie;
- un français chercheur au CNRS marrant -oui ça existe!;
- ma soeur, mon alliée de la soirée;
- 2 designers (gays forcément) pros du packaging et qui travaillent pour des marques de luxe;
- une franco-libanaise niaise comme tout et étudiante à l'ENA (comme quoi ils ne prennent pas que des Charles Henri);
- S;
- une Grecque d'environ 50 ans, le sourire vissé aux lèvres, qui répond tellement à côté de la plaque qu'à un moment tu pries le ciel pour qu'elle ne t'adresse plus la parole;
- les 2 hôtes, le frère et la soeur donc (lui: pseudo journaliste/glandeur mais sur plein de projets en même temps, elle petit serre-tête et queue de cheval, créatrice de sacs en cuir invisibles, et qui s'écoute surtout parler);
Et moi.
Après divers essayages, testages et goûtages du produit sous toutes les façons possibles; il était temps de prendre chacun sa petite feuille et de noter les mots, sensations, couleurs, musiques, textures, sons, etc etc, que nous rappelait le Chow Chow.
Et là j'ai vraiment compris que la filière business, ce n'était vraiment pas pour moi: franchement quel est l'intérêt de se triturer les méninges et de sortir, avec tout le sérieux du monde, que le croquant du Chow Chow me rappelait la couleur orange, ou bien la bossa nova? Les collants lycra de Madonna dans le clip "Hung Up" pendant qu'on y est?
Zen, j'ai essayé de prendre ça avec du recul, et essayé de comprendre la logique de travail de toutes ces agences de comm', de pubs ou je ne sais quoi, qui emploient des Beigbeder en puissance, dont le boulot est de trouver des noms pour des yaourts...
Souvent au cours de la soirée (comme je n'avais aucune idée de nom pour ce cher condiment) je regardais tout le monde, s'interpeller, rire, débattre, se disputer, parce que non le produit a plus une consonnance en "i" qu'en "o", et que petit inconscient, il ne faut pas oublier que le Chow Chow est un produit qui est à la fois inscrit dans le passé, mais aussi dans le futur... Bref que de questions existencielles qui méritent débat !! Au moins aussi importantes que de savoir qui va gagner les prochaines présidentielles aux Etats Unis, comment régler pour de bon la question palestinienne, ou encore comment perdre les fameux 3 kilos que l'on prend après les fêtes, mmh?
La cinglée de l'ENA a réussi à me fâcher définitivement avec l'institution: décidément ils ne prennent que des c... qui s'écoutent parler: ainsi elle a réussi à sortir, en plein brainstorming, discussion je rappelle d'où doit ressortir des décisions pratiques sur un produit à commercialiser, que le goût du Chow Chow lui rappellait la couleur vert-bronze, telle que Prosper Mérimée le décrivait dans la Vénus d'Ille. Silence gêné des convives, et regards interrogateurs: mais pourquoi sort-elle son vernis culturel? Et de toute façon, elle a avoué que jusqu'à recemment, elle n'avait jamais entendu parler de la tecktonik... Et ça se destine à gouverner la France ça?
- les 2 chinoises, étudiantes à Sciences Po, ravies de se trouver dans un appartement de la bonne bourgeoisie parisienne, et aussi ravies de sortir leur anglais prémaché, insistaient qu'il fallait un nom à consonnance hollandaise pour le produit: genre "Van Der". Je précise qu'une est dans le secteur de la DRH, l'autre contrôleuse de gestion...
- les 2 designers, à leur messes-basses et leur sourires entendus, devaient sûrement se demander au début ce qu'ils faisaient là au milieu de tous ces novices, mais ont fini par ce prendre au jeu et à trouver drôles toutes les conneries que l'on débitait avec le plus grand sérieux du monde, tout investis que nous étions de notre mission sacrée: donner un nom au Chow Chow...
Bref une soirée horrible: chacun y allait de son petit nom, S ne parlant pas français, comprenait plus rien à rien: à minuit nous y étions encore, on avait mangé tout le Chow Chow, mais aucune idée valable n'en était sortie...
2 commentaires:
DEAR HELENE!SORRY FOR DELAY,OFCOURSE YOU HAVE RECEIVED MY E-MAIL.ANY WAY,IN IRAN MEDIA ARE WORKING UNDER CENSORSHIP,JUST LIKE OTHER MEDIA IN THE WHOLE WORLD,IT'S REALITY,BECAUSE I WORK WITH OTHER FOREIGN MEDIA, BUT IN IRAN IS MORE SO WRITING IS DIFFICULT HERE AND WE SHOULD TAKE CARE ABOUT OURSELVES! I AM 26 AND I WORK FOR TWO MEDIA:1."ETEMAD NEWSPAPER" WHICH IS SO MUCH IMPORTANT IN IRAN
2.JAPANESE DAILY NEWSPAPER"YOMIURI SHIMBUN"
OH... YOUR WEB IS SO MUCH BEAUTIFUL,AND I LOVE IT.HOW OLD ARE YOU?
En lisant ton post, je pense que c'est davantage l'intelligence des gens qui étaient là ce soir-là, que les buts du breamstorming qu'il faut remettre en cause :-D
Tu avais vraiment une belle brochette de...hum...je me tais.
En tout cas, le problème de ta soirée, c'est que les gens ont agit complètement à l'envers du brainstorming:c'est à dire qu'ils ont réfléchi.
Et mal, en plus.
^^
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