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16 novembre 2009

"To hell and back": le marathon de New York 2009

La photo résume bien l'état d'esprit dans lequel beaucoup de coureurs participent au marathon de New York. Le plus important au monde, le plus médiatique surtout. Un peu comme le proverbe de Mao et la grande muraille de Chine ("Celui qui n'a pas gravi la grande muraille n'est pas un vrai Chinois"), celui qui n'a pas couru le marathon de New York n'est pas un vrai marathonien.
Je suis une vraie marathonienne alors.
J'ai eu du bol. On ne peut participer au marathon que par plusieurs moyens bien définis: on se qualifie en ayant couru un certain nombre de courses à New York, on se qualifie avec son club, on court pour une oeuvre de charité et on doit lever des fonds, on prend son petit billet par une agence de voyage (un certain lot est réservé aux agences du monde entier)...et enfin, pour le plus grand nombre, il y a la loterie.
37 000 participants en tout, et plus de 100 000 personne rien qu'à la loterie. Etant sûre d'aller à Washington pour un semestre, je me suis dit autant tenter ma chance...
Je me suis donc inscrite à la loterie en avril...et quelle ne fut pas ma surprise de recevoir mon email de félicitation le 18 mai. Je faisais partie des 37 000 chanceux.
Je me suis entraînée deux mois, à raison de 4 fois par semaine. Trois sorties "courtes" (maximum 1h30) en semaine à la gym, et une sortie "longue" le week end, généralement sur le Mall et autour du Potomac Park.
Je mentirais si je disais que je n'étais pas anxieuse la semaine précédent le marathon. Et si je m'étais mal préparée? Et si mon genou me faisait mal? Et si je m'étalais gracieusement devant tout le monde à 5kms de l'arrivée? Bref, que des pensées positives.
Heureusement, je suis arrivée 3 jours avant le départ à New York et j'ai pu (re)visiter la ville, marcher, me vider la tête, et surtout me préparer à l'arrivée de mes trois supporters de choc, qui avaient gentiment préparé banderoles et tee-shirts du meilleur goût. Ils ont su faire la différence au 35ème km!
Le matin du départ, je me suis levée à 5h30 et suis partie de notre petit hôtel de Broadway à 6h15 pour attraper le métro n°1, direction South Ferry, la station la plus au sud de Manhattan, non loin de ground zero. Le métro de New York étant ce qu'il est (c'est à dire nul, vieux et moche), j'ai dû changer de métro deux fois pour attraper un qui allait vraiment à South Ferry.
L'attente au Staten Island Ferry fut relativement courte et j'ai pu manger un petit déj'. J'ai pris le ferry à 7h30 (on nous assigne une heure précise, mais en fait on peut prendre celui que l'on veut), la traversée dure 20 minutes. Ensuite nous sommes dirigés vers des rangées de bus qui nous attendent pour nous emmener au village du départ. Au fur et à mesure que les bus partent, d'autres arrivent, c'est le premier moment où j'ai réalisé que l'organisation était vraiment pro.
Le village est divisé en trois couleurs (orange, vert et bleu), car les coureurs, trop nombreux pour tous être sur la même route au début, sont répartis en trois itinéraires différents. Je donne mon sac avec mes affaires aux camions UPS, que je retrouverais à l'arrivée, et me voilà à attendre avec impatience le grand moment: 10h20, l'heure de mon départ. Les premiers sont partis à 9h40, les deuxièmes à 10h00. Les pros sont déjà loin devant.
Dans le sas de départ, je vois la seule personne de la course avec un vrai déguisement... Un Français entouré d'une gigantesque Tour Eiffel en carton qu'il portait, avec à son sommet un drapeau tricolore.
La course passe par les 5 "boroughs" (arrondissements) de New York: départ sur Staten Island, Brooklyn, Queens, Manhattan, Bronx, puis retour à Manhattan et arrivée dans Central Park.
Les premiers miles sur l'immense pont Verrazano sont assez impressionants, tout comme le pont Queensboro, qui relie le Queens à Manhattan, où se trouve le plus gros de la foule des supporters.
Ce qui m'a vraiment plu, c'est que tout le long des 26.2 miles, il y a tout le temps du monde pour t'encourager: des familles à Brooklyn, des touristes à Manhattan, des chants de gospel à Harlem ou des rappeurs dans le Bronx. C'est vraiment génial et ça donne vraiment un coup de boost. Ensuite, il y a tous les 3 miles des distributions d'eau et de Gatorade: là aussi c'est super mais j'ai peur de m'être trop arrêtée (encore que...) et d'avoir perdu des précieuses minutes.
Les 5 derniers kilomètres, sur la 5ème avenue puis dans Central Park, sont noirs de monde...et interminables. C'est le moment le plus dur de la course, là où l'on espère que c'est bientôt la fin car le carburant commence à manquer. On se demande si l'on aura encore assez d'énergie pour accélerer à la fin. Mais en même temps, les cris de la foule, la musique, là encore auront été des éléments déterminants.
Une fois la ligne d'arrivée franchie, on nous prend en photo individuellement, on nous distribue des couvertures pour nous tenir au chaud, un sac rempli de bouteilles d'eau et de snacks, et on nous demande de continuer à avancer jusqu'aux camions UPS et la sortie. Il faut compter environ 30mn entre la ligne d'arrivée et la sortie sur Central Park West, encore tous éblouis par la course et réalisant à peine que la course pour laquelle on s'est préparé intensément pendant des semaines, est déjà bel et bien finie.
Que d'efforts, que de doutes...mais quelle course, quels paysages, quelle foule, quel sentiment de bien être à la ligne d'arrivée, et bien après! Cela vaut toutes les douleurs du monde.
Comme une certaine marque de chaussures de sport à la virgule le disait très justement dans une publicité: "Today, you may feel like you'll never run a marathon again. See you next year."


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